Est-ce que les graviers de la Loire, entre Saint-Martin-du-Lac et le Port d'Artaix, abritent une partie de la dot de Marie de Médicis?
publié dans (Memoire Brionnaise n'16)
Est-ce que les graviers de la Loire, entre Saint-Martin-du-Lac et le Port d'Artaix, abritent une partie de la dot de Marie de Médicis?
publié dans (Memoire Brionnaise n'16)
Quand j'étais enfant mes grands parents Luminet habitaient d'Artalx au Port. Pas très loin de chez eux, dans une petite maison basse tout en longueur elle existe toujours, vivait un vieil homme qu'on appelait le Père Léonard ou, plus communément, le Père "Fi de cochon", car il ne pouvait pas prononcer une phrase sans y inclure ces trois mots.
C'était un vieil original... On ne savait pas très bien d'où il venait.
Parfois, par dérision, les gens l'appelaient "Léonard de Vinci". car lui-même, sans doute par provocation. disait descendre du grand peintre italien.
Je crois savoir, pour mon compte, qu'il s'appelait bien Léonard et qu'il était simplement natif de Vindecy, près de Marcigny.
d'où le jeu de mots (vin(d')cy: vinci).
En tout cas, il semblait savoir beaucoup de choses et d'histoires du passé, et il aimait les raconter...
Il disait aussi qu'au Crozet, commune du Roannais qui domine la Pacaudière, on avait découvert une mine d'or, mais que, comme l'or n'était pas tout à fait mûr, on l'avait rebouchée pour laisser achever le mûrissement.
Ce raisonnement simpliste, assimilant un métal à un fruit, porte bien évidemment à sourire el pourtant il a été, au Moyen-Age. celui de tous les alchimistes, et plus spécialement du plus célèbre, Nicolas Flamel, qui professait que le plomb, l'argent et l'or n'étalent qu'un seul et même métal à différents stades de murissement, et que la "pierre philosophale", objet de ses recherches, n'était en fait qu'un "accélérateur de mûrissement permettant de passer directement du plomb à l'or.
En ce qui concerne la mine du Crozet, elle a bel et bien existé, mais il s'agissait d'un minerai de plomb argentifère qui fut exploité sous le ler Empire, pas tellement pour l'argent (la teneur étant très faible), mais pour le plomb qui, une fois fondu, alimenta en balles les fusils de la Grande Armée de Napoléon ler
Le raisonnement du Père "Fi de cochon" avait donc un fond de vérité. ..
Je sais, amis lecteurs, vous allez me dire "d''accord, il est intéressant, votre Père "Fi de cochon",
mais où est la dot de Marie de Médicis dans tout cd?"
Ne soyez pas impatients, j'y arrive.
Le vieil homme m'avait pris en amitié et quand j'allais en vacances chez mes grands-parents, il m'emmenait parfois à la pêche en Loire...
Un jour que nous étions sur la jetée du Port d'Artaix et que les poissons n'avaient pas très faim, pour passer le temps, il me dit tout à coup:
"Fi de cochon, petit, je vais te raconter une histoire qui s'est passée ici, il y a bien long temps, du temps du bon roi Henri le quatrième!
A cette époque, il y avait là deux bras de la Loire l'un, le principal et le plus rapide, qui passait là-bas, dans ce qu'on appelle maintenant "L'lle"
(là où on emmène les poules manger les sauterelles),
et l'autre, un bras plus petit et plus calme qui passait de ce côté, et où avait été construit le Port, son qual et ses chantiers de bateaux.
Entre les deux il y avait une ile et, au milieu de cette ile, des eaux-mortes qu'on appelait le lac"
(d'où l'appellation actuelle du village de Saint-Martin-du-Lac).
Revenant de Lyon où il avait épousé Marie de Médicis, la Florentine, le roi Henri IV descendait la Loire depuis Roanne pour rejoindre Briare.
La Loire était en crue (on était en février 1601) et la navigation était difficile, surtout ici, en face, où la Loire était devenue un vral lac qui allait jusqu'à la colline, là-bas, de l'autre côté.
Le train du Roi comprenait trois bateaux qui se suivaient d'assez loin et il y avait en face un très, très fort courant.
Le premier bateau, celui du Roi, passa sans problème: il devait avoir un très bon pilote.
Mais le deuxième bateau une gabarre, fit une fausse manœuvre,
se mit en travers. heurta un tronc d'arbre, se disloqua et disparut en un rien de temps dans les flots boueux...
Par miracle, le troisième bateau, une gabarre aussi, réussit à passer et à recueillir quelques survivants qui s'accrochaient à des bois flottants.
Le coche d'eau du Roi n'avalt rien vu du naufrage, et le courant était si fort que ce n'est qu'à la Charité-sur-Loire qu'll put enfin accoster et attendre sa suite.
Quand il ne vit arriver qu'une gabarre et qu'il apprit que la deuxième, celle des bagages, était perdue corps et biens, il entra dans une colère folle, hurlant à qui voulait l'entendre :
"Mordiou, si c'était pour voir mes écus engloutis au fond de la Loire. ça n'était vraiment pas la peine que j'épouse cette grosse Florentine qui n'est même pas jolie et qui, de plus, est douée pour les joutes amoureuses à peu près autant que moi pour être papi-mamie Henriette me convenait parfaitement, et j'en aurais fait une reine de France tout à fait à mon goût!"
Puis, voyant la mine ahurie de son auditoire, il réalisa l'énormité de ses propos, se calma et renvoya quelques hommes de troupe à Marcigny pour rechercher si, par hasard, il y avait quelque chose à récupérer.
fin