St Loup sur un axe sacré

document tiré de "Les noms des lieux du Brionnais-Charolais" témoins de l'histoire du peuplement et du paysage. Mario Rossi, professeur émérite au Laboratoire CNRS Parole et Langage de


Artaix et St-Loup lieu et axe sacré :

« Le sommet du Saint Rigaud fut, au temps des Celtes, un des principaux lieux de culte. Tous les ans, il s’y tenait, en été, une grande réunion politique et religieuse. On y venait de grand matin du Beaujolais et du Charolais, on y apportait des offrandes aux dieux, on y exécutait des danses religieuses. Le soir, il y avait réunion et grand conseil entre les chefs de tribus pour discuter des intérêts de la tribu, de la paix ou de la guerre.» (5). 

Autrement dit le Saint Rigaud, comme Meulin, Milan, etc. était un sanctuaire du Milieu où se réunissaient une fois l’an les tribus des environs. On y célébrait un culte et, comme à Artaix, il y a là une fontaine guérisseuse dont l’eau possède une « vertu secrète et indéfinie » (Comby, p. 170) !

il n’est donc pas interdit de penser que le culte à Lug-Mercure au sanctuaire du Milieu du Mont d’Ajoux est antérieur à celui rendu à la source d’Artaix.

On peut alors se poser la question de savoir si on prêtait à la divinité du Mont d’Ajoux le même pouvoir qu’à Lug, le Voyant, à Artaix ? Il ne semble pas. Comme on l’a vu, Lug, à l’instar de Mercure, était un dieu polyvalent aux multiples pouvoirs ; c’est ce dieu polyvalent qui devait présider à la source dont l’eau avait « une vertu secrète et indéfinie ». Ce sanctuaire a été par la suite romanisé : on peut penser que les Gallo-romains responsables de ce renouveau du culte insistèrent sur le culte à Mercure. On sait en effet que les Arvernes, non loin d’ici, avaient fait construire un Mercure géant au sommet du Puy de Dôme : un Mercure, surnommé roi des Arvernes.

Ces sanctuaires, par voie de terre ou par voie fluviale, devaient être en contact permanent à cette époque. La présence de ces lieux de culte est un témoin précieux de la vitalité des échanges culturels et commerciaux entre les Arvernes, les Ségusiaves et les Éduens et sans doute entre Lugdunum, le Mont d’Ajoux, sur la voie de Lugdunum, et les Briennenses.

La première christianisation de ce sanctuaire dédié à Lug-Leu dut avoir eu lieu après la mort de Saint Loup, c’est-à-dire entre les années 650 et 700 (voir note 1).

« Et il se fit beaucoup de miracles à son tombeau, une femme aveugle depuis 30 ans y recevra la vue ; une autre femme paralytique y fut guérie ; un prêtre, qui s’était brisé le corps…fut rétabli en parfaite santé. Il est invoqué principalement pour la guérison du mal caduc… et pour le soulagement des entrailles que (sic) souffrent les enfants. »